C'est pour un mauvais prétexte que la France semble vouloir se fâcher avec la Turquie. S'il s'agit de lui refuser l'entrée en Europe, autant le lui dire clairement et tout de suite. Mais le contentieux qui risque de s'ouvrir à l'occasion de l'examen, demain à l'Assemblée nationale, d'une proposition de loi visant à réprimer pénalement (un an de prison, 45.000 euros d'amende) la négation des génocides reconnus, dont le génocide arménien commis par les Turcs en 1915, manque d'arguments sérieux. Il est certes détestable de voir la Turquie refuser ne serait-ce que d'admettre la réalité de l'épuration ethnique et religieuse qu'elle a menée contre plus d'un million d'Arméniens : ce déni devrait être un argument suffisant pour lui refuser de rejoindre l'Union européenne. Cependant, ce n'est pas au parlement de faire l'histoire. Mon opposition constante à la loi Gayssot sanctionnant le négationnisme dans la contestation de la Shoah est identique pour cette autre loi mémorielle qui revient, une fois de plus, à limiter la liberté d'expression et à pénaliser un délit d'opinion.
Mais il y a surtout, dans l'attitude morale de la France, une énorme hypocrisie. Car l'Etat français se comporte en fait comme l'Etat turc, en refusant de reconnaître et en contestant même la réalité du génocide vendéen de 1793. La proposition de loi du député des Alpes maritimes, Lionel Luca, invitant la République "à reconnaître le génocide vendéen de 1793-1794", déposée en 2007, n'a jamais été examinée.
Guerra y genocidio de la Vandea por la República Francesa
Entrevista a los historiadores Reynald Sécher y Stéphane Courtois en el programa "Forum de l’Histoire". (Via)